6000D...La course des géants

28 juillet 2014

6000D...La course des géants

Et bien voilà, 4 mois après avoir lâché la route et m'être lancé sur le trail, le jour était venu de courir cette épreuve mythique. Je m'étais inscrit la veille du marathon de Paris (le 5 avril), une bière à la main et le mulot dans l'autre...quoi de plus facile à cet instant?!

4 mois plus tard donc et avec seulement deux trails à mon actif (la monotrace pour 2 châteaux et le Lozère Trail), c'est un peu fébrile que j'ai pris la route ce vendredi 25 juillet à 10h pour rejoindre AIME (73), point de départ et d'arrivée de la course. Pour moi qui connaît peu la montagne, la route reliant Grenoble à Bourg Saint Maurice est déjà impressionnante car bordée de massifs beaucoup plus élevés que le plateau de César auquel je suis habitué.

Bien sûr, avant de prendre la route, une dernière vérification du matériel s'impose:

Arrivé sur place à 14h, je suis allé percevoir mon dossard. Premières impressions: magnifique ambiance et organisation au top. Le village d'exposants, les animations pour les enfants, les bénévoles, tout donne envie de courir. Et le décor est majestueux. Ne pouvant rejoindre ma chambre qu'à partir de 17h, je décide de monter à La Plagne pour visualiser la pente, repérer la piste de bobsleigh dans laquelle nous allons remonter le lendemain et admirer la vue..."ca va piquer demain", voilà ce qui me vient à l'esprit.

Heureusement, une fois les sacs déposés à l'hotel (à Brides Les Bains, à seulement 20 minutes de route) je retrouve toute la famille BRESSY, en vacances dans le coin et venue gentiment m'encourager. Un petit coca en leur compagnie (sage, n'est-ce-pas?) et je me rends à la pasta-party où j'e rencontre un sympathique breton qui m'a l'air bien affûté. Il est 21h, je décide alors de rentrer à l'hotel pour aller courir une petite demi-heure, histoire de se décontracter (et de décompresser). Au lit 22h30, réveil programmé à 3h20.

A 4h35, me voilà sur un des parkings. Le temps de me faire chauffer un café dans mon mugs isotherme et je rejoins la zone de départ à 5h. 30 minutes plus tard c'est le briefing. Les conditions météos sont trop mauvaises pour pouvoir accéder au glacier (il a neigé toute la nuit et le brouillard va rester présent toute la journée), le parcours de repli est activé (c'est la deuxième fois seulement en 25 ans)...un peu déçu donc mais la sécurité prime avant tout. Heureusement la direction de la course nous garantit le même kilométrage. Pour ce qui est de la météo, ils ne se seront pas plantés: ce sera pluie et brouillard toute la journée en dehors d'éclaircies de quelques minutes. Il va faire bien frais près des 3000 m.

06h01 (merci à la team ISOSTAR pour son retard) le départ est donné (j'ai bien vérifié que j'avais badgé mon dossard). Un seul objectif en tête: finir la course sans être éliminé aux barrières horaires. Je pense alors passer la ligne en 12 heures, bien que je n'ai aucun repère sur une telle distance et dans ce milieu montagneux.

Au 10ème kilomètre, je suis frais et j'entame le passage mythique de la piste de bobsleigh des JO d'ALBERTVILLE de 1992. Nous rentrons dans la goulotte pour 1600m de remontée sur cette monotrace singulière. Ce sera le seul tronçon à ne pas être "gras", tout le reste se fera dans la boue! Ensuite nous grimpons bien jusqu'au 34ème km. Je gère la montée pour être sûr de ne pas exploser, je dois être finisher.

Puis vient le temps d'une première descente (après la Roche de Mio et le dérochoir)...1000 mètres de dénivelée négative en 6 km!!! Là encore je gère car je sais que le col de l'Arpette fait mal. Merde ça grimpe! 400 mètres en 3km à peine. Nous voilà au 43 ème kilomètre. Il n'y a plus quà descendre! 21 kilomètres, cela peut être long. Je retrouve la famille BRESSY à La Plagne Bellecôte! Super sympa. Encouragé et ravitaillé, je repars pour les 19 derniers kilomètres. Une belle descente où je prends garde de ne pas me blesser (toujours cette obsession de franchir la ligne coûte que coûte) avant d'aborder les bords de l'Isère (une piste cyclable qui paraît interminable) pour 3 km où je parviens encore à courir. Un passage dans la Grande Rue d'AIME et voilà enfin la ligne d'arrivée...les applaudissements me portent, j'allonge la foulée, encore quelques mètres...et voilà JE SUIS FINISHER!!! 10h 35' 07" pour 66 km 370 m.

Sébastien SPEHLER finit en 5h 37' 44" et Maud GOBERT en 6h 51' 31"...monstrueux!!!! Et immense respect!!

J'appelle tout de suite Raphaële, elle qui m'a soutenu et supporté pendant toute la phase de prépa aussi bien que pendant la course. L'émotion me submerge. Heureux de l'avoir fait. Elle me trouve bien plus frais qu'à l'arrivée du Lozère Trail...tient c'est curieux, c'est vrai que je me sens bien: je n'ai pas eu de crampes (merci les antioxydants et la Sportenine!). J'ai une pensée pour Billy qui aurait du faire la course avec moi (fichue blessure!!), cela n'a pas eu la même saveur sans toi.

J'ai bien géré les efforts, l'alimentation et l'hydratation. Certes je n'avais plus beaucoup de jus dans les jambes le long de l'Isère mais je ne ressens aucune douleur. Aurais-je pu (ou dû) faire mieux, allonger davantage?

Bon il est 16h35, j'enfile mes chaussettes de récup', je me ravitaille et me décide à rentrer à l'hotel. Une bonne douche et je repars pour Aime histoire d'encourager les derniers. 19h30, la barrière horaire est dépassée d'une heure, mais un ultime courreur, accompagnée de la moto balai, a tenu à finir sa course. Il ne sera pas classé mais aura eu le droit à une magnifique ovation!!! Cela fait oublier les larmes de la concurrente qui franchit la ligne 1 minute trop tard.

1301 FINISHERS, je suis 858 ème sur 1301 arrivants

Je rentre à Brides Les Bains après une barquette de frites gigantesque et deux chipos (oui oui avec deux bières). Couché à 22h30, je tombe comme une masse.

Dimanche, réveillé à 07h15, je quitte l'hotel à 08h30 pour profiter de l'ambiance du village de course pendant la matinée, assister à la remise des prix (et prendre une photo sympa du vainqueur, d'ailleurs cela me fait penser qu'il faut que je sèche) et de boire encore 2 binouzes pour faire passer la pizza au Reblochon et au Beaufort. 13h30, je prends la route du retour. 3h15 plus tard j'embrasse mes deux petites femmes, une ultime LEFFE de récup' pour compenser le blues d'après course (merde c'est déjà fini???!!! A quand la prochaine??).

22h20, je me sens frais et je crois me souvenir qu'il est bon de trottiner le lendemain d'une course pour éviter les courbatures des 48 heures. Alors je pars pour 40 minutes à la frontale (tranquille, à 6min30 au kil') au milieu des vignes avant une bonne séance d'étirements et une douche bien agréable.