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One More Trail
30 mai 2016

MAXIRACE...le monde de l'ultra

Et voilà...deux ans après mon tout premier trail, à quelques jours près, me voilà au pied du mur, dans tous les sens du terme. Je me suis décidé, un peu avant Noël, à me lancer ce défi. Le père Noël a fait le reste en m'envoyant un bon pour m'inscrire (avec l'approbation de ma moitié bien sûr)...86 kms et 5300 D+ annoncés...cela va piquer! Et cette fois, malheureusement, car c'est toujours plus sympa à plusieurs et avec les amis, je serai seul pour aborder cette épreuve: Libs est au boulot et Stéphane P. n'y sera pas non plus. Mais j'aurai une pensée pour eux, pendant la course et à l'arrivée.

Je vous présente donc, comme d'habitude, les affiches et données de course.

Unknown

 

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profil_maxirace

Premier point non négligeable, la course débute dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 mai, et les retraits de dossard se font le vendredi après-midi. J'ai donc posé le vendredi (pour les dossards), le lundi (pour récupérer et marcher dignement le mardi au boulot) mais finalement aussi le jeudi après-midi (pour faire mon sac sans stresser, les semaines étant relativement chargées en ce moment côté boulot).

Côté forme, je me sens plutôt bien avant d'aborder ce challenge. C'est vrai, voilà plus de 5 semaines que je ne cours que 3 ou 4 séances par semaine et plutôt à un train de sénateur, hors de tout cadre de programme d'entraînement (gros exercice côté boulot début avril puis deux semaines de stages assez denses aux USA où j'ai pu trottiner mais sur du plat et souvent très tôt (4h du mat').

Cela étant je dors plutôt bien et la Monotrace d'il y a deux semaines (cf post précédent) m'a un peu rassuré. J'avais un peu de jus et de foncier. Et comme je ne compte pas sur la vitesse sur ce format, pas de drame. 

Car oui, devant l'inconnu d'une telle distance (et surtout d'un tel dénivelé) et vu mon état à la sortie de certains trails (le pire fut le Lozère Trail, mais là aussi j'aurai ma revanche), je demeure humble et je vise simplement l'objectif d'être finisher sans blessure et dans les temps (les barrières horaires sont raides, j'y reviendrai).

Le jeudi donc, mon sac est fait. Tout est ok. Les barres 9 bar et MELTONIC, l'hydrixir, la St Yorre, le gateau sport, et tout l'attirail technique acquis en deux ans de pratique (les bâtons seront mes sauveurs). Je ne me suis pas encore décidé à cet instant sur le choix de mes montures (les HOKA m'ont coûté une entorse il y a un gros mois mais les Saucony me faisaient mal aux pieds au Ventoux en mars et elles tapent un peu en fin de course). Je prends donc les trois paires (HOKA MAFATE SPEED et SPEEDGOAT et SAUCONY XODUS 5.0). Et ma toute nouvelle tenue CIMALP, testée et approuvée à CHUSCLAN.

Le vendredi donc, petit-déjeuner en famille, j'ai fait une bonne nuit et l'excitation a remplacé le stress des derniers jours. Toute la famille part bosser et je prends la route à 08h45, comme prévu, sans stress. 3h15 de trajet selon le GPS, je choisis de prendre les petites routes à partir de Valence pour profiter du paysage du Vercors puis des Alpes, je m'imprègne de l'atmosphère. Midi, me voilà à Annecy.

J'ai pris deux nuits au FORMULE 1 d'ARGONAY, choix qui s'avèrera judicieux (maîtrise du budget, confort suffisant pour une nuit d'avant-course...plutôt réduite, et proximité du départ (15 minutes)). Une fois sur place, je pose les affaires en chambre, je vais faire le plein (grève des raffineries oblige) et je file chercher le dossard pour être rassuré. Entre temps j'ai également acheté chez DECATHLON une petite batterie permettant de recharger la montre et l'iphone en course (cela m'aura d'ailleurs été fort utile). J'en profite pour me gaver de la salade de riz, thon et huile d'olive que je me suis préparé la veille.

Arrivée sur le village de la MAXIRACE, contrôle de la couverture de survie...et voilà, je ne peux plus reculer:

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Un buff en complément de ce beau morceau de papier et le roadbook de la course et voilà j'ai tout (et la deuxième puce électronique pour le sac). Le reste du matériel obligatoire ne fut pas contrôlé mais j'avais respecté scrupuleusement la liste et même pris des équipements supplémentaires que je n'ai pas regretté. Le village expo est très sympa. Beaucoup d'exposants, plus qu'à la 6000D, et du beau matos. L'ambiance est également très sympa. Il fait beau et cela joue beaucoup (cela ne sera pas la même chose le lendemain sous la pluie).

Je retourne poser tout cela à l'hotel et remplir la poche à eau, et c'est parti pour une ballade dans le vieil Annecy. C'est magnifique et plutôt calme. Le lac est magnifique et les parcs attenants, verdoyants, incitent à la détente. 

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A 16h, j'ai cassé la figure à un demi paquet de biscuit GERBLE (la marque qui donne bonne conscience) et hop, je suis parti mettre en charge ma batterie de secours et me reposer 2 heures à l'hotel. Coup de fil à la maison...tout le monde a passé une bonne journée, la pression monte.

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Je me décide à aller en ville pour dîner tôt et espérer me mettre au lit avant 21h et dormir un peu. Bon si je suis resté raisonnable pour la bière (cf ci-dessous), j'ai craqué pour une pizza feu de bois au lieu des pâtes (qui étaient pourtant aussi sur la carte), voici donc le repas d'avant-course:

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Ca y est, il est 20h, je marche quelques centaines de mètres le long du lac, pour me détendre et lancer la digestion et je rentre tranquillement à l'hotel, sans même repasser par le village expo (je n'ai pas pris l'option pasta party, me privant volontairement de ce qui fait le charme des trails pour me coucher tôt). 

21h15, je suis couché. Dernier coup de fil et...je m'endors!! (d'habitude l'excitation m'empêche de sombrer rapidement dans les bras de Morphée). Je n'ai même pas étudié le profil!!!! Pas grave, il est indiqué sur le dossard...et puis on verra bien. Et ça y est....je me suis enfin décidé pour les pompes: ce sera les XODUS (même si mon voisin de table à la pizzeria m'a fait hésiter une dernière fois...il portait les MAFATE SPEED). Bon j'ai tout de même demandé à Raph de se tenir prête à me donner de quoi changer au 71e kilomètre, au 3e ravitaillement, où nous avons prévu de nous retrouver. Car les filles quitteront la maison le samedi matin vers 08h30 pour me rejoindre. Un vrai week-end marathon pour elles aussi (merci mes chéries!!!!).

J'ai mis le réveil à 00h45. Il pleut...daube. Heureusement cela n'a duré que jusqu'à 01h15 mais le terrain va être mouillé.

La team Kleenex n'est pas rassemblé mais certaines obligations d'avant-course ne peuvent être contournées (ok pas de photos). Douche, gateau sport, café et jus d'orange, NOK sur les pieds, remplissage des flasques, dernières vérifications...à 2h15 me voilà parti pour la zone de départ, sur la plage d'ALBIGNY. Il fait 16 degrés et l'atmosphère est presque étouffante. Mais l'ambiance est là, les coureurs nombreux et tout le monde a hâte d'en découdre. Sur le parking, nous sommes encore peu nombreux mais les regards se croisent, tantôt inquiets, tantôt sondeurs, tantôt jaugeurs (oh merde lui il est affûté, oulà celle-là elle va me mettre une dose c'est sûr, woua lui c'est un super équipé,...). Bref la magie du départ.

2h45, je suis sur site, l'animateur nous invite à rejoindre les sas, je choisis celui des 600 premiers (je vise 15h30, ce qui, au final, ne correspondra pas, puisque cette année les repaires vont éclater sous le soleil de plomb et dans les pentes glissantes après la pluie de la nuit). Briefing sécurité, musique sympa, annonce des élites...Sébastien SPEHLER, Manu GAULT, Ludovic POMMERET...il y a du lourd!! Cette année, la course servira, non pas de support aux mondiaux de trail comme l'an dernier, mais à la selection de l'équipe de France (bon je reste humble, mes chances sont faibles).

3h25, on trépigne....3h30, ça y est c'est parti....le départ est donné pile à l'heure et nous remontons la rive du lac en direction du vieil Annecy pour quelques kilomètres de plat (pas plus de 3 tout de même). Et c'est parti pour la première des 4 montagnes à grimper...et surtout à descendre: les pierres mouillées et les racines tout aussi humides vont faire du bilan durant toute la course. Je mesure alors la singularité de la MAXIRACE; des dénivelés tels que courir va être rare, tant dans les montées, que dans les descentes (ici, comme en Lozère, on les qualifie de "techniques"). Les quadris du peloton vont manger sévère!!!!

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Je ne vais pas faire le récit de chaque tronçon car ma mémoire (aidée par mon cerveau qui se met en "off" au bout de 2 km, heureusement) ne me le permet pas, et que cela a peu d'intérêt, mais je soulignerai seulement quelques souvenirs pêle-mêle:

- côté matos, je n'ai absolument pas regretté: mes SAUCONY (même si je les ai maudit dans les descentes sur pierres glissantes), ma casquette avec couvre-nuque, mes lunettes SALOMON, la NOK (pas une ampoule, pas d'échauffements non plus), la SPORTENINE (pas une crampe ni en course ni après), la crème solaire (j'ai une belle marque de montre malgré tout), la tenue CIMALP et les chaussettes XSOCKS (cf l'absence d'ampoules à l'arrivée alors que d'autres avaient ongles noirs et steacks sous les pieds et halogènes aux orteils), gobelet, et Hydrixir. Quant à la GOPRO, on verra si je m'en sors avec le montage mais il y a de belles séquences et des paysages époustouflants,

- j'aurais eu du jus dans toutes les côtes, comme d'habitude,

- j'aurais perdu toutes les places gagnées en montée dans les descentes. Ce fut plus encore le cas cette fois car j'ai attaché le plus grand soin à demeurer prudent à force de voir des chutes sur les fesses, les coccyx, les genoux, avec des conséquences parfois terribles (comme ce mec que j'ai vu vomir de douleur au 82e kilomètre, à 4 kilomètres de l'arrivée, à la nuit tombée, avec un genou vrillé, et pour lequel on a appelé la direx pour évacuation),

- le lever de soleil sur le SEMNOZ est un moment magique qui vaut toutes les souffrances de la course (soleil qui redonne d'ailleurs de l'énergie),

- mais le soleil, une fois debout, se rappelle à tous à mi-course, en fond de talweg, à DOUSSARD, le ravito N°2 bien connu car celui où tout le monde se sent encore frais, inconscient encore pour ceux qui en sont à leur première MAXIRACE, des difficultés qui s'annoncent sur la deuxième moitié. J'en profite au passage pour remercier David D. pour ses précieux conseils et sa mise en garde sur cette deuxième partie qui a cassé du monde et provoqué une bonne partie des abandons. Du coup, j'ai géré la première moitié (peut-être un peu trop d'ailleurs car j'ai bien faillé me faire rattraper par la barrière horaire au 54e km), En tous les cas j'ai bien profité de ce ravito pour faire le plein d'eau (mais j'ai réussi à oublier de manger, sans gravité vu ce que j'avais dans le sac).

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- un coup de mou avec effondrement moral entre le 45e et le 54e, à me demander si j'allais aller au bout, voir à souhaiter arrêter.

- la joie d'entendre la voix de Constance et Raphaële au 54e km, alors que je ne pensais les retrouver qu'au 71e (et pile au moment où je commençais à me laisser mourir), J'ai ressenti le même bonheur à 4 reprises (au prix de 100 km en voiture pour les filles autour du lac sur des routes en lacet à Mach 2)

- une petite frayeur au 54e car j'ai passé la barrière horaire à 15h, avec seulement 30 minutes d'avance sur celle-ci. 

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- le plein d'eau nécessaire à chaque ravito et rampe à eau tellement j'ai eu chaud (entre chaque étape je buvais mes deux flasques d'hydrixir (500ML chacune) et la moitié de ma poche à eau (d'1,5L). Bon cela m'a fait porter un sac de 5 kg pendant toute la course mais c'est le prix à payer.

- la saturation en sucre habituelle (7 barres avalées sur les 15 emportées),

- les problèmes gastriques habituelles (heureusement qu'il y avait une porte "toilettes" ouverte dans le gymnase du ravito N°3, au 71e km car les 15 derniers kilomètres auraient alors été plus...emmerdants à courir, Bon le paquet de kleenex a encore servi en course (il faudrait d'ailleurs l'ajouter sur la liste de matériel obligatoire),

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- les 6 derniers kilomètres les plus longs que j'ai eu à courir (bon je mets de côté le tout dernier le long du lac sur le plat, où j'ai repris la course avec bonheur) dans la dernière descente, celle où j'ai vu beaucoup de chutes et de blessés.

- la résignation qui fut la mienne (alors que je m'étais promis d'arriver de jour) lorsque j'ai fini par remettre la lampe frontale à 4km de l'arrivée, la nuit étant bien opaque dans les sous-bois de la dernière pente).

- le bonheur de retrouver tout au long du parcours des petits groupes de bénévoles ou de supporters, sonnant des cloches, hurlant, encourageant, ..

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- la joie de voir mes deux petites femmes à l'approche du village MAXIRACE et de l'arche d'arrivée, d'entendre tous les gens applaudir, encourager, cette ambiance magique de fin de course où l'on se sent porté et où l'on retrouve les jambes et où l'on vit de telles sensations que l'on se rappelle pourquoi cette discipline sportive est si particulière.

Des moments tellement intenses, mêlant soulagement d'en finir, satisfaction d'avoir su prendre sur soi et dépasser la douleur ou le fléchissement de la volonté pour reprendre le dessus et finalement joie immense de passer la ligne en finisher, porté jusqu'au bout par les messages de soutien (SMS, FB, et autres) et surtout la présence des Raphaële et Constance sans qui tout cela n'aurait pas été possible., J'ai couru un ultra...

Alors voilà, je termine cette magnifique épreuve 843e sur 932 classés (plus de 1600 inscrits), Ma montre m'indique 86,15 km et 5030 D+ (5295 selon la trace officielle de ma fiche MAXIRACE en fin de course). Heureusement que j'avais acheté la batterie de recharge pour la montre (qui a fini à 5% malgré une charge à 100% à mi course) et l'iphone (j'ai activé le livetrack à 50km environ).

Il semble qu'il y ait eu 1389 partants et 456 abandons, soit 33% de pertes: blessures, problèmes gastriques, chaleur, barrières horaires impitoyables...j'ai beaucoup de peine pour ceux qui n'ont pu aller au bout et j'espère bien les retrouver sur d'autres sentiers (ou les mêmes qui sait) bien remis.

Un grand MERCI à l'organisation et aux bénévoles pour l'accueil, l'ambiance, le village expo, le balisage, les ravitos, les supporters perdus dans les montagnes durant une nuit et une journée...sans eux pas de trail.

Passage de la ligne à 22h20, fourbu...et même pas une bière offerte à l'arrivée (seule déception sur l'orga, au top pour le reste), je récupère mon coupe-vent de finisher, j'avale un peu de fromage et de jambon, m'enfile 50cl de St Yorre et hop je rejoins la troupe pour rallier l'hotel (sans passer par la case Mc Do habituelle d'après course) et à minuit, tout le monde dormait. Réveillé à 4h par Malibu (sortie nocturne pour vidange), rebelotte à 7h et à 9h nous prenions le petit-déjeuner, des souvenirs pleins la tête. Curieusement, à peine les jambes qui tiraillent un peu, bien moins que sur les courses antérieures.

Retour au village expo pour en profiter...mais pluie torrencielle qui s'est abattue sur le lac, le village, pile au moment où la XL RACE et la MARATHON RACE se couraient (LORBLANCHET et CHAIGNEAU ont fait une belle arrivée sous la drache). On pataugeait mais rien ne m'aurait privé de la bière de 10h30 du matin sous la flotte. 

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A 12h30, nous trouvions un restau en bord de canal pour y savourer une autre bière (savoyarde si si) avec une bonne pizza de récup' (je valide ce concept pizza-San Pellegrino de prépa et pizza-bière de récup').

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A 14h30 nous reprenions la route pour le Gard et à 17h45, il était temps de brosser le matos (oui le terrain était bien gras le samedi, certes moins que le dimanche mais bon) et de tout ranger. Les filles reprenaient le lendemain tandis que moi (je reboucle avec le début de mon post), je me préparais à profiter d'un lundi de récup'.

Lundi, réveillé à 6h, naturellement, pas de courbatures, et une fois les filles au boulot, une solide envie de courir pour se détendre. 10 km à 5'54" au kil (bon à peine 40 D+, il ne faut pas pousser). Et je l'avoue, j'ai cassé la figure à un Big Mac pour le déjeuner.

 

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Commentaires
C
c'est extraordinaire de volonté, courage, endurance..................que de souvenirs magnifiques de dépassement de soi ! BRAVO et merci pour ces jolies photos et MERCI à ma belle fille et ma petite fille d'avoir tant encouragé leur mari, papa !
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  • un blog créé au lendemain du Lozère Trail 2014 pour ceux qui, comme moi, sont excités la veille, se demandent ce qu'ils font là pendant et, dès la ligne franchie, se disent "vivement le prochain".
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